1ère collaboration de l’Union des Jeunes Avocats de PARIS et de l’Association des Jeunes Magistrats
Pour tenter de répondre à cette question, deux Magistrats, Monsieur ALLAIX, Premier Vice Président du TGI de LYON et Madame LALANDE Juge d’Instruction à Nanterre, et un Avocat, Madame Marie Aimée PEYRON, Président d’Honneur de l’UJA de PARIS, Membre du Conseil National des Barreaux.
Monsieur ALLAIX a dressé le contexte historique de la construction des deux professions de magistrats et d’avocats pour rappeler que des liens forts ont toujours existé. C’est au XIXème siècle que la distinction des métiers a été organisée par le pouvoir politique pour encadrer la magistrature de façon hiérarchisée et administrative, alors que dans le même temps la profession d’Avocats revendiquait son indépendance, en digne héritière de l’esprit frondeur des Parlements.
Une Ordonnance de 1958 est venue « parfaire » cette construction séparant définitivement les membres de la magistrature des membres de la profession d’Avocat.
L’ordonnance a en outre créé le Centre national d’études judiciaires, devenant l’ENM ayant pour mission d’assurer la formation professionnelle des futurs Magistrats.
A cette analyse historique, Monsieur ALLAIX a ajouté une analyse fonctionnelle du rapport du juge à la Loi, et plus généralement à la règle de droit. Le système romano germanique pose le principe d’un juge « serviteur de la Loi » alors que le système anglo-saxon pose la juge en « créateur de droit ». Ces deux systèmes, en toute théorie, emportent une coopération différente avec l’Avocat, tantôt contradicteur, tantôt partenaire juridique.
Le cadre historique et fonctionnel posé, Monsieur ALLAIX a insisté sur les fonctions distinctes des deux professions participant à un objectif commun : l’œuvre de justice.
Ainsi, selon Monsieur ALLAIX, si le rapprochement de formations communes doit être amélioré, il n’en demeure pas moins que chaque profession doit garder une formation spécifique. Il existe certes des fondamentaux communs acquis à l’Université, mais le Magistrat ne doit pas apprendre à devenir Avocat mais bien comprendre le quotidien de l’Avocat. L’idée, selon Monsieur ALLAIX, serait de réformer les études universitaires pour partager des « savoirs être » et des « savoirs faire » communs, sans oublier d’ouvrir davantage la magistrature aux Avocats en assouplissant les conditions d’accès par les filières parallèles de l’article 18.1 et 22 de l’Ordonnance de 1958.
Monsieur ALLAIX conclut son propos par la Formation Continue Obligatoire qu’il convient de développer avec les Avocats.
Marie Aimée PEYRON a insisté sur la culture commune des professions, en assurant que l’idée d’une Grande Ecole du Droit était séduisante, même si les formations continues obligatoires, comme celle organisée avec l’AJM, étaient le meilleur vecteur pour que Magistrats et Avocats apprennent à échanger et à mieux se connaître. La clef, selon Marie Aimée PEYRON, est fondamentalement de s’ouvrir sur l’autre, sur sa culture, sur son mode de fonctionnement pour mieux comprendre ses besoins, et donc améliorer l’œuvre de justice à laquelle Magistrats et Avocats doivent contribuer.
Marie Aimée PEYRON s’interroge alors et pose la question « faut il être Magistrat pour être Avocat ? ».
Madame LALANDE a exercé en tant qu’avocate pendant plus de huit années, avant de devenir juge depuis maintenant 6 mois via l’article 18.1 de l’Ordonnance de 1958, c’est-à-dire sur dossier, sans concours, étant par ailleurs dispensée du « stage découverte extérieure » et du « stage avocat ».
Madame LALANDE partage l’avis des deux intervenants précédents sur l’objectif commun des Avocats et des Magistrats : l’œuvre de justice. Le magistrat est un serviteur de la Loi, et l’Avocat est un serviteur du justiciable. Mais, Madame LALANDE insiste sur la similitude des métiers, allant jusqu’à affirmer qu’elle a le sentiment de faire le même métier.
Dans cette logique, pour acquérir de l’épaisseur humaine, dans l’approche des dossiers, Madame LALANDE est favorable à une expérience en tant qu’avocat avant de devenir magistrat, mais une vraie expérience professionnelle, et pas le stage de 6 MOIS tel qu’il est prévu aujourd’hui dans la formation initiale des auditeurs de justice.
Ces interventions ont été suivies de plusieurs interventions de la salle d’une haute tenue.
L’association des Jeunes Magistrats et l’Union des Jeunes Avocats de PARIS ont d’ores et déjà d’autres projets de formations communes dans les mois qui viennent.