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Par UJA de Paris, 21 September 2016

Maître Thomas CHARAT, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

J’ai intégré l’IDPA en 2005 (Promotion Philippe BELAVAL, Président de la Cour administrative d’appel de Versailles à cette époque) et j’ai prêté serment en 2006.

Concernant mon parcours académique, mon appétence, tant pour le droit public que pour le droit de la concurrence, m’a poussé à effectuer un double cursus dans ces matières avec en sus un volet économie industrielle - DEA de droit public des activités économiques à la Faculté de droit de Paris XII-Saint-Maur et DESS en concurrence, consommation, propriété industrielle à la Faculté des sciences-économiques de Rennes I. J’enseigne d’ailleurs, dans cette dernière , le droit des aides d’État.

Concernant mon parcours professionnel, j’ai d’abord alterné entre des cabinets français (notamment le cabinet FRÊCHE, en tant que collaborateur de Maître François-Charles BERNARD, également un ancien de l'IDPA) et anglo-saxons (volet regulatory, concurrence et et lobbying essentiellement). Ce fut une excellente école puisque cela m’a permis d’élargir mes domaines de compétences, en conseil comme en contentieux.

J’ai ensuite créé mon cabinet - RCCL Avocat - il y a maintenant près de 3 ans. Il est le fruit de ces expériences en droit public et réglementaire ainsi qu’en en droit de la concurrence. Je propose également à mes clients un volet lobbying.

Quels sont vos souvenirs de l’IDPA ?

J’ai intégré l’IDPA car je tenais vraiment à effectuer un cursus publiciste à l’EFB.

Je garde un excellent souvenir des enseignements, très pratiques, notamment avec les notes de rapporteur. Le contact privilégié avec les magistrats nous permettait réellement de comprendre la manière dont ils abordent les dossiers.

En outre, nous étions 25 au sein d’une promotion de plus de 1000 élèves, ce qui créait un esprit de corps ; je suis d’ailleurs toujours en contact avec nombre d’entre eux.

Vous venez d’être élu Président de l’Union des jeunes avocats à la Cour de Paris (UJA de Paris), pouvez-vous nous présenter ce syndicat ?

A priori, il semblerait que je sois le premier Président publiciste, même si je ne suis pas le premier président de l’UJA de Paris issu de l’IDPA. Maître Patricia SAVIN (DS Avocats), qui est privatiste et environnementaliste, a occupé ce poste avant moi.

Chaque UJA est un syndicat à part entière. Elles sont implantées dans près de 130 Barreaux en France et sont toutes regroupées dans une fédération (FNUJA, Fédération nationale des unions de jeunes avocats). La première, celle de Paris, a été créée en 1922, à une époque où il n’y avait pas de rétrocession minimale pour les collaborateurs et où la profession était très fermée. L’idée était donc de créer une structure visant à, d’une part, favoriser une entraide entre avocats – et ainsi faire vivre quotidiennement le principe de confraternité – et, d’autre part, faire tomber un certain nombre de barrières en étant une force de proposition sur les sujets intéressant la profession (règles déontologiques, évolution de la profession, des modes d’exercice, etc.). L’activité de l’UJA de Paris a donc un véritable rôle à jouer sur un volet prospectif. Pour cela, nous édictons et adoptons des rapports, qui sont ensuite relayés par nos élus au Conseil national des Barreaux et au Conseil de l’Ordre. Nous avons actuellement six élus au Conseil de l’Ordre des avocats de Paris et quatre au Conseil national des Barreaux (CNB). Avec dix élus au total, la FNUJA est d’ailleurs le premier syndicat au sein du CNB et donc de la profession

Aussi, je tenais à préciser que tous les confrères parisiens peuvent adhérer à l’UJA qui les représente tous.Il n’y a pas de limite d’âge. Néanmoins pour faire partie de la commission permanente, et a fortiori du bureau, il faut avoir moins de 40 ans.

Ainsi, Laurène DEVILLE (ancienne Présidente de l’Association IDPA)a été élue cette année à la Commission permanente.

Quelle est la source de votre engagement ?

En premier lieu, j’ai pu constater qu’en tant qu’avocat publiciste, on peut - parfois - ne pas se sentir au cœur du Palais, comme déconnecté. Intégrer l’UJA de Paris me permettait de garder un lien avec ce dernier. En deuxième lieu, l’aspect d’entraide de ce syndicat m’a également intéressé. L’UJA de Paris rend, en effet, un certain nombre de service allant de l’aide à la rédaction de CV au service SOS collaborateurs qui assiste ces derniers lorsque survient une difficulté dans leurs cabinets, en passant par des formations gratuites et de qualité validées au titre de la formation continue. Cette assistance est entièrement bénévole. Enfin, la possibilité de réfléchir sur la profession et, ainsi, de contribuer aux débats sur son avenir est pour moi primordiale.

Quels sont les projets prioritaires de votre mandat ? 

J’ai décidé d’axer ce mandat d’un an sur l’entrepreneuriat et la modernisation de la profession en produisant des travaux de fond (notamment des rapports) afin d’essayer de faire modifier certaines règles professionnelles. Cela ne peut se faire qu’en communiquant de manière pédagogique, afin que les confrères prennent le train en marche sur différents sujets tels que le développement du « réflexe avocat » au sein de la société actuelle.

Quelques exemples… Nous avons récemment œuvré pour la modification de l’article 15 du règlement intérieur national (RIN) qui concerne la domiciliation afin de permettre à l’avocat d’avoir un bureau secondaire au sein d’une entreprise (avec toutes les règles de confidentialité nécessaires). Je crois que cela offrira une nouvelle manière d’exercer car, tout en étant libéral, l’avocat pourra être au plus près de ses clients à un moment où le marché nous impose d’être en grande proximité avec eux. Aussi, les avocats n’ont aujourd’hui pas la possibilité de se faire rémunérer pour des apports d’affaires, à mon sens cela doit évoluer. Il faut aussi avancer sur les nouveaux champs d’activités de l’avocat, comme la médiation qui est trop peu développée et la compliance dont nous devons complètement nous saisir. Enfin et cette fois concernant les élèves-avocats, je souhaiterais améliorer leur statut en le faisant évoluer vers l’apprentissage. Cela leur permettrait notamment d’être mieux rémunérés durant les stages obligatoires et de valoriser les périodes de pratique professionnelle

Quelles sont, selon vous, les difficultés principales que rencontrent les jeunes avocats ?

La première difficulté est d’intégrer la profession.

Si auparavant il était facile de trouver une collaboration durable en sortant de l’EFB (et encore plus en sortant de l’IDPA), cela paraît moins évident aujourd’hui. Ceci est peut-être lié à une certaine méconnaissance de la profession (nombre d’heures travaillées, exigences du métier, stress, conciliation vie privée/vie professionnelle), mais je pense qu’il y a également une réflexion à avoir en amont, avec les universités. Il faudrait peut-être privilégier une formation plus généraliste et éviter les parcours hyper spécialisés - parfois sans débouchés, ou encore mieux orienter les étudiants pour leur permettre de mieux s’adapter aux besoins des clients.

Plus généralement, selon vous, quels sont les bouleversements principaux que connaît la profession d’avocat ?

Actuellement, on peut parfois se sentir remis en cause et contestés lorsqu’on est avocat. Cela est, en partie, dû au développement des legaltech (ou legal startup), qui convoitent en réalité des champs d’activités où l’avocat n’a pas de monopole. Cela crée également chez le justiciable une nouvelle façon de consommer du droit, plus rapide et moins chère et il se peut qu’il passe à côté de la plus-value de l’avocat.

Il faut ainsi, d’une part, repenser nos offres, nos modes de facturation et de communication pour expliquer notre plus-value (qui passe notamment par notre déontologie) et, d’autre part, optimiser notre temps afin de réduire nos coûts, notamment en processualisant les tâches qui peuvent l’être. L’UJA, qui est moteur sur le sujet, devra poursuivre ses réflexions sur ces sujets afin d’accompagner au mieux les confrères, et leur offrir des formations en ce sens.

Gazette de l'IDPA - n° 21 Septembre 2016

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